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Carnets de route, chemins de vie
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21 octobre 2007

Kosovo et indépendance

Cher lecteur, Attention ! Ce texte est issu de mes questionnements suite aux différentes rencontres que j’ai faites au Kosovo, et l’origine des informations contenues est assez hétérogène. L’objectif est avant tout d’avoir un aperçu d’ensemble de la « Question du Kosovo ».

N’ayant pas mis le pied en Serbie, le point de vue est avant tout Kosovar.

Merci d’excuser les possibles erreurs.

Ce texte sera plus compréhensible pour ceux ayant lu la partie sur la Yougoslavie.

Bombe a retardement de la dissolution Yougoslave, le statut du Kosovo n’est toujours pas résolu à l’heure ou j’écris ces mots. Région plus ou moins autonome de la Serbie suivant les époques (plus sous Tito, moins sous Milosevic) et frontalière avec l’Albanie, le Kosovo est peuplé a 95% d’Albanais et 5% de Serbes (plus minorités croates, tziganes,…).

Le peuple Albanais descend des Illyriens, civilisation présente dans les Balkans depuis deux mille ans, utilise l’alphabet latin et est en majorité musulman ; tandis que le peuple Serbe descend des Slaves venus de l’Est a partir du VIème siècle, utilise l’alphabet cyrillique et est en majorité Chrétien Orthodoxe. Vous aurez compris qu’il s’agit de deux ethnies très différentes.

Tout au long de l’histoire, le peuple du Kosovo à subit de nombreuses répressions, mais elles ont atteint leur apogée à la fin du vingtième siècle.

En 1987, Milosevic prend le pouvoir en Serbie avec un programme nationaliste, utilisant l’idéal populaire de la Grande Serbie historique et les minorités comme bouc émissaire (stratégie somme toute banale au regard du passé).

Il organise un réel brain-washing de la population Serbe pour manipuler l’opinion publique et exciter les esprits, avec comme cible la minorité albanaise. Mainmise sur les médias, organisation de meetings “d’information”, favorisation des intellectuels d’extrême droite… Petit à petit, un véritable régime d’Apartheid est mis en place au Kosovo, jusqu'à interdire l’accès aux fonctions administratives, et même, après le refus des enseignants Albanais d’appliquer le programme scolaire Serbe, le gouvernement en licencie la plupart. En 1990, le parlement, le gouvernement et la presse Albanaise du Kosovo sont interdits, sans le moindre mouvement de la communauté internationale. Heureusement, la force de la tradition Albanaise permet le développement d’une vie sociale, culturelle et scolaire parallèle, organisée en réseaux informels. Ceux-ci sont constitués notamment des Odas traditionnelles, lieux de rencontre familiale, de décision sociale et de vie culturelle, très importants dans la société Albanaise.

Cette situation dure plusieurs années et progressivement, la tension s’exacerbe. Avec la dissolution de la Yougoslavie, le Kosovo espère gagner son indépendance en tant que sixième république mais l’opinion internationale est alors trop occupée avec la Bosnie pour prendre en compte les revendications Kosovovardes. Malgré tout, un élan indépendantiste est lancé, une Constitution est créée et un référendum autoproclame l’indépendance du pays.

Toutes les tentatives de communication étant vouées à l’échec, des groupes séparatistes armés se forment et des actions de rébellion contre le pouvoir Serbe sont entreprises, notamment par la célèbre UCK (Armée de Libération du Kosovo), qui attaque les postes de police, les bâtiments de l’armée, les représentants de l’Etat.

Le gouvernement Serbe accentue progressivement la pression, distribue des armes aux Serbes du Kosovo et banalise les perquisitions et emprisonnement d’Albanais, pour faire face à ce qu’il qualifie de terrorisme.

En 1999, Milosevic envoie ses troupes calmer les rebelles. La stratégie utilisée depuis son arrivée au pouvoir est alors approfondie a l’extrême. Il s’agit de terroriser au maximum la population locale et d’achever de rendre la vie impossible dans la région, pour contraindre une grande partie de la population de quitter les lieux. L’objectif est de diminuer drastiquement la population Albanaise pour permettre aux Serbes d’être majoritaires au Kosovo (ce qui était déjà en vue avec l’effort national de migration des Serbes vers le Kosovo). Il faut savoir que la population Serbe du Kosovo était beaucoup plus importante car ils sont nombreux à avoir quitté la région pendant la guerre.

Après un bon lavage de cerveau de près de 15 ans, certains Serbes, convaincus de leur bon droit, prirent les armes et partirent sauver ce qui leur était présenté comme la  « Terre Sainte de Serbie ».

Il n’est toujours pas déterminé officiellement aujourd’hui qui de l’armée régulière ou des paramilitaires ont commis les actes suivants et quels étaient les liens avec les responsables politiques.

Agissant par surprise, surtout dans les villages de campagne, les soldats avaient pour mission de terroriser la population. Ils pouvaient arriver n’importe quand et n’importe ou, exécuter sommairement une vingtaine de personne ou simplement faire des contrôles au milieu de la nuit, piller toutes les maisons du village ou seulement en brûler quelques-unes… L’effet escompté se réalisa très rapidement. La population, terrorisée, s’enfuit en masse vers le Monténégro, la Macédoine et l’Albanie. Dans certains villages, les habitants restèrent cachés pendant des semaines ensemble dans les bois, pendant que les Serbes pillaient leurs maisons et brûlaient leurs mosquées.

Pendant longtemps, Milosevic a réussi a faire croire à la communauté internationale qu’il restait la meilleur personne pour gérer la situation au Kosovo, tout en continuant son programme de destruction. Ou peut être est-il plus juste de dire que les internationaux ont préféré prendre les perches tendues par le dirigeant Serbe pour leur permettre de rester hors du problème, plutôt que de prendre en compte les témoignages de plus en plus inquiétant des medias.

L’évidence des dérives Serbes devenant trop limpide, l’OTAN pris la décision d’intervenir d’urgence, sans l’accord de l’ONU. Après un bombardement intensif et destructeur de l’ensemble de la Serbie du 24 mars au 10 juin 1999, l’armée Serbe se retira du Kosovo.

               La guerre laissera derrière elle une population massacrée physiquement et psychologiquement mais vibrante toutefois a l’idée d’une indépendance possible.

En attendant une prise de décision internationale quand au statut du Kosovo, c’est l’ONU qui gère administrativement le pays, et cinq pays qui occupent militairement la région (USA, France, UK, Italie, Finlande).

La durée des négociations internationales fut fixée à trois ans, mais à la fin de ce délai, une nouvelle période de négociation de trois ans fut ouverte, pour cause d’incapacité à accorder les différentes parties.

Après la guerre, les tensions entre Serbes et Albanais plus fortes que jamais, provoquèrent de nombreux incidents interethniques. En 2004, suite à  l’assassinat d’enfants Albanais par des extrémistes Serbes, le peuple Albanais s’est retrouvé très rapidement dans la rue pour protester. La réaction de l’ONU pour stopper le mouvement fit dégénérer l’événement en début de guerre civile. Les conséquences furent lourdes : en plus des nombreux morts et du couvre feu imposé par l’ONU pendant quelques temps (interdiction de rassemblement –même familial ou religieux-) le délai des négociation fut à nouveau repoussé de trois ans ! Ce qui nous amène en décembre 2007… La communauté internationale va donc devoir se prononcer sur le statut du Kosovo.

               Le rapport du diplomate de l’ONU Martti Ahtisaari chargé de superviser les négociations entre le gouvernement serbe et le gouvernement albanais et de proposer une solution au dossier “Kosovo” explique clairement la situation. Les intérêts respectifs du Kosovo et de la Serbie étant antagonistes, les négociations ne peuvent en aucun cas représenter une solution. Etant donné l’état actuel du Kosovo et son histoire récente avec la Serbie, il est impensable d’imaginer un futur pour un Kosovo Serbe. D’après lui, la seule solution viable est donc l’indépendance, avec un contrôle de l’Union Européenne le temps que le pays soit vraiment autonome.

Mais… pour que cette proposition soit validée, elle doit avoir l’aval des 5 membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, qui sont tous pour, sauf la Russie.

En effet, la Serbie représente son dernier pied à terre en Europe (tant au niveau politique que religieux, linguistique, culturel) et la question de l’indépendance des régions est une question minée pour les Russes (Tchétchénie,…). Poutine soutient donc la Serbie, en affirmant que plus de négociations sont nécessaires.

               Le gouvernement du Kosovo a d’ores et déjà annoncé qu’en cas de prolongation des négociations il autoproclamerait son indépendance, et quelques pays (France, Etats-Unis,…) ont accepté de reconnaître le nouveau pays même si l’ONU ne s’est pas prononcé. De nombreux pays préfèrent suivre la décision de l’ONU par crainte que certaines de leurs régions ne se servent de ce cas comme jurisprudence (Espagne, Grèce,…).

              Plusieurs personnes m’ont affirmé au Kosovo que si cette fois-ci ils n’obtiennent pas l’indépendance, cela déclanchera une nouvelle guerre civile. Et je me surprends à penser que peut être qu’une guerre civile serait plus prometteuse de changement que trois nouvelles longues années de “négociations” après 8 ans d’immobilité assassine.  Cette option reviendrait à cracher sur un peuple qui vit dans la boue.

               Reconnaître l’indépendance du Kosovo, c’est rendre sa dignité a un peuple bafoué, c’est permettre aux Kosovars de gérer eux même leur pays, c’est donner à la population une raison d’espérer un futur meilleur, c’est permettre aux entreprises étrangères d’investir, c’est redonner les richesses naturelles au pays, c’est limiter l’émigration, en bref, c’est tout un peuple qui revit…

              Les Kosovars attendent beaucoup de la France, qui garde son image de refuge politique et de défenseur des peuples… J’ai du mal à leur expliquer le principe Sarkozy !

Pour plus d’infos rendez vous sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kosovo

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